Enjeux

On remarque que différents systèmes se superposent au sein même de la zone du Canal avec l’imbrication d’une économie historique dans un tissu urbain dégradé, densément habité par une population diversifiée présentant un taux de chômage élevé.  Ces systèmes semblent s’ignorer l’un l’autre alors que leur cohabitation et leur complémentarité devraient « faire ville », en adéquation aux autres fonctions nécessaires à la garantie de la qualité de vie sur le territoire.  C’est le principal enjeu du développement de la zone.

 

La typologie économique du bâti le long du canal constitue encore pour une grande part le témoignage, l’héritage d’un passé industriel dynamique.  Ici et là, une nouvelle économie urbaine s’imbrique dans le tissu dense et habité de la partie centrale de la zone. Alors qu’au nord et au sud de cette partie centrale de grandes zones d’activités économiques et portuaires sont présentes. La pression démographique, avec un besoin évalué à 70 000 nouveaux logements en région bruxelloise d’ici 2020 représente pour certains acteurs une menace quant à la préservation de la fonction économique dans ce périmètre. Par ailleurs, c’est ici que l’on rencontre le plus haut taux de chômage de la Région (et de la Belgique).

L’économie marque donc la zone de son empreinte, les rapports entre l’économie et le territoire doivent être pris en compte dans le Plan Directeur.

 

Un autre défi important à relever dans la zone concerne la population. La dualisation entre ce territoire et le reste de la Région est de plus en plus marquée. Le bâti de ces anciens quartiers industriels, très proches  du centre urbain, mais aux loyers inférieurs à ceux du centre-ville, attire une population aux revenus faibles, au taux de chômage élevé, issue en part importante de l’immigration « méditerranéenne » (Marocains, Turcs, Grecs, Italiens, Espagnols et Portugais). Tandis que la population venant d’Europe du Nord, d’Amérique ou du Japon habite l’Est et le Sud-est de la capitale. La zone du canal est dans le « croissant pauvre » de la Région, là où se concentrent les problèmes sociaux de précarité et de pauvreté. C’est également là que grâce à un solde migratoire et un taux de natalité élevés le dynamisme démographique  régional est localisé, avec une population très jeune et multiculturelle.

C’est pour cette raison que le Plan Directeur doit faire le lien entre cohésion territoriale et cohésion sociale. La construction de nouveaux logements et équipements pourrait être un levier de développement pour la zone. L’essor démographique rend indispensable la construction de plus de 70 nouvelles écoles et crèches à l’échelle de la région, et une étude récente a démontré que les quartiers les plus densément peuplés et les plus défavorisés sont souvent les moins équipés en matière d’infrastructure et d’espaces publics. Pourtant, l’éventail d’outil et d’actions concrètes développé dans le cadre des contrats de quartier, des projets FEDER mais aussi d’initiatives telle que les « quartiers commerçants » a permis entre autres la construction de nouveaux équipements de quartier (crèches, centre d’entreprises, etc.) et de renforcer l’attractivité de certains quartiers.  Il est donc important de développer une stratégie globale et de considérer la somme de ces actions pour les insérer dans un réseau d’équipement efficace à l’échelle de la zone. Les actions à l’échelle locale doivent pouvoir répondre à une question plus large d’aménagement du territoire tout en cherchant à optimaliser le potentiel de leur territoire.

 

Les tensions entre espaces pour l’économie et espaces pour l’habitat portent principalement sur la répartition des affectations sur le territoire.  De la même façon se joue une rivalité sur le futur du canal : quels seront les espaces dédiés au Port et à l’économie ? Quelle part de la zone sera habitée et urbaine ? L’aménagement de meilleures conditions d’habitabilité, la construction de nouveaux équipements, le développement d’un cadre de vie plus attractif, pourraient être profitables et à l’essor économique et à l’amélioration de la qualité de vie dans la zone.

Ces tensions renvoient à la nécessité de faire évoluer la manière de « faire ville » pour éviter le cloisonnage habituel du territoire et stimuler de nouvelles manières d’habiter la ville, pour favoriser la coexistence des fonctions, des échelles, des systèmes et des réseaux. Une meilleure intégration de la zone du canal dans la région passe donc par un travail sur l’articulation, la cohabitation des fonctions sur le territoire. Pour répondre de manière efficace à ces tensions « Territoire-Economie » ou « Territoire-Ville », le Plan Directeur doit nécessairement les dépasser en rassemblant les différents niveaux de pouvoir autour d’une vision d’ensemble, et d’un plan d’actions. Son élaboration, à l’instar des contrats de quartiers, ou des schémas directeurs, sera l’opportunité de développer des partenariats forts entre les nombreux acteurs impliqués sur la zone du canal.

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